Extrait d’un projet de pièce de théâtre élaboré en 2000.
Une personne (femme ou homme) d’un âge plutôt jeune arrive sur la scène, vide, où ne se trouve que deux chaises. La lumière est très légère, de manière à ce que l’on ne remarque que l’arrivée d’une silhouette, difficile à sortir de la peine-ombre.
Elle s’assoit, elle regarde par la fenêtre qui n’existe pas et est parcourue de légers soubresauts, elle est dans un bus. Une autre personne arrive (femme ou homme) dans l’obscurité, et s’assoit sur la deuxième chaise, qui se trouve juste à coté de la première.
– Salut
– Salut
– Alors, c’était bien hier ?
– Oui, sauf que comme il a fait mauvais temps je n’y suis pas allée.
– Comment ça pouvait être bien alors ?
– Ben…j’ai eu un téléphone de ma tante, j’ai discuté avec elle pendant une demi-heure, j’étais contente de l’entendre. Elle m’a posée des questions sur mes amours, mon école, la maison, la famille…la vie quoi !
– Ah, ça t’a fait donc plaisir qu’on parle de toi alors.
– Eh… Oui…mais on a aussi parlé d’elle.
(Silence, les mouvements du corps continuent)
– Tu as vu se qu’il se passe dehors ?
– Oui, mais ça fait longtemps que ça dure…
– Et alors, ce n’est pas une raison pour s’y habituer.
– Oui mais tu sais, personnellement, je ne peux rien faire.
(Silence)
– Tu as aimé ce film ?
– Non.
– Moi je me suis bien amusée, c’est vrai, c’était un peu nul, mais j’ai bien aimé. Au moins tu ne t’ennuies pas…Il y a de l’action !
– Mmh…Bof, j’en ai un peu marre de ce genre de film… C’est toujours la même chose, le même scénario et toujours les mêmes qui sauvent le monde… Non, vraiment, je crois que je vais arrêter d’aller voir ces merdes.
– Tu veux descendre au prochain ou à celui d’après ?
– Ca m’est égal et toi ?
– Alors au prochain.
– D’accord, au prochain.
Silence toujours mimé par les soubresauts du bus, mime de freinage, et les deux personnes se lèvent, et descendent deux marches, puis traversent la scène et marchent en cercle sur la scène.
– Sinon, comment s’est passé ton examen ?
– Ah… Ben pas trop mal, mais je suis tombée sur une question qui était développée en trois lignes dans le cours, alors tu comprends, j’ai dû broder… C’était pas facile, mais j’espère que le prof sera pas trop dur, vu la question qu’il a posé. A part ça, il demande d’être critique avec l’auteur, mais il est marrant… S’il croit que c’est facile d’être critique avec un auteur pareil, qui a écrit toute son œuvre il y a 300 ans ! Comme si c’était la même chose aujourd’hui ! Et en plus, il a un de ces vocabulaires, il faut chercher trois mots par page… Alors bon, moi je veux bien parler de ces idées, mais pour ce qui est de la critique, je laisse ce travail à d’autres ! C’est déjà assez dur de tout comprendre.
Elles continuent à tourner en rond, grands cercles sur la scène.