Texte écrit en 2005.
C’est l’histoire d’une fille est d’un garçon qui se sont rencontrés à l’Université. Lui sur ses patins à roulettes, elle dans ses comités d’associations. Lui à toujours critiquer, tout, et elle à toujours faire, tout. Ils discutent de temps en temps de-ci, de-là, dans les couloirs ou à la sortie du bâtiment, ils font partie l’un pour l’autre de ces gens qui se connaissent sans se connaître, que l’on croise de temps en temps. Souvent elle ne comprend pas pourquoi il est si critique face à tout ce qu’il voit. Comme elle est amie avec un bon ami à lui, il arrive aussi qu’ils se retrouvent dans un café, et s’énervent de temps en temps sur des discussions très générales. C’est qu’ils sont étudiants, ils ont du temps.
Elle est idéaliste. Il est réaliste. Elle est altermondialiste, il est ultrapessimiste.
Alors il casse tout ce en quoi elle croit.
Et ils se voient parfois dans les soirées. Mais dans ces moments-là le dialogue et plus dur, par le niveau sonore souvent très important, et par le niveau d’ébriété qui, ou ne le fait pas parler, ou lui fait parler de lui toujours en s’excusant. Mais elle répète pourtant qu’il n’y a pas lieu de s’excuser.
Puis ils rigolent une nuit sur un projet de livre.
Et puis, pourquoi on ne sait pas, ils boivent un verre en l’ayant organisé, pour une fois. Ils passent une très bonne soirée. Ils s’expriment intensément et se quittent avec un bon sentiment. Alors ils se revoient. Et se revoient. Et se découvrent et se revoient.
Jusqu’au moment où se fige le temps. Elle a peur, décontenancée, étourdie, déséquilibrée, excitée, émue, insomniaque, folle, elle en pleure. D’avoir reçu le déluge d’un sentiment, très violent. Ca a tapé dedans.
Et pas lui. Alors il ne veut plus la voir.
Elle s’énerve, elle attend.
Difficile attente, il faur faire avec le manque. Elle ne peut s’empêcher de penser à cette relation plus forte que tout qui rassemble le soleil et la lune. Idéal imaginé au coin du feu à quatre-vingt ans, à discuter du bruit de la pluie. Après toute cette vie. Si belle image de sagesse à deux, idéal heureux, merveilleux.
Elle s’énerve encore, elle attend toujours.
C’est quelqu’un qui sourit très peu. Il est pâle et maigre, il n’a pas l’air heureux. Et surtout, à force de s’être rencontré, elle découvre qu’il est très torturé.
Il a bien de la peine à avancer, il est bloqué. Il est le très maigre bucheron scieur de ses propres branches. Il s’empêche d’aller, s’est demandé tous les matins pendant deux ans pourquoi il ne se donnerait pas la mort.
Brillant.
Tuant.