Poème écrit en janvier 2006.
J’arrive à minuit, mon avion est à cinq heures
L’allemand parle et raconte sa vie, puis les aux revoirs, le départ
La douane et les femmes en noir, la queue et le retard
Le vol est annulé
D’abord les questions, l’excitation, ensuite l’organisation
Et me voici, sans argent, à Téhéran
Si vite arrivé, le dénuement
Je n’ose prendre le taxi, seule, au milieu de la nuit
Na farsimoi en Iran
Alors je pleure, en silence, puis j’attends
Je me dis que je n’ai pas d’étoile
Et je regarde du haut de mon café surplombant la douane de l’aéroport de Téhéran, les gens qui déambulent, serrés, vers le décollage
Voilà qu’une bagarre éclate, d’abord une femme, rage, puis des hommes, comme des animaux
Je veux regarder ailleurs et tombe sur le panneau d’affichage
Les vols restent au sol
Le mien, jamais arrivé, le prochain, retardé et le suivant, techniquement détraqué
Serais-je à l’origine de l’enchaînement des accidents ?
Puis viennent à me parler ces deux femmes, qui fument
A force de question pour comprendre ce que je fais là, seule, à attendre, elles me demandent si je crois en Dieu
J’acquiesce d’un air timide et reçois un café, un sandwich et de l’argent
Alors même sans étoile ni Dieu, me dis-je, il y a toujours les gens.